Comment prendre de bonnes notes ? – Le guide complet en 2021

Comme moi, vous consommez probablement du contenu à longueur de journée, que ce soit un livre, un article de blog, une vidéo ou encore un tweet sur les toilettes. 
Et comme moi, vous avez certainement du mal à vous souvenir de tout ce que vous apprenez. 
Vous avez tendance à oublier ce que vous venez de lire, et vous n’êtes pas capable de l’expliquer clairement à un ami.

Et c’est là qu’intervient la prise de notes, qui est l’activité la plus précieuse que vous pouvez mettre en place dans votre vie (c’est ce que je vais vous montrer à travers cet article).
Elle va vous aider à développer vos idées, gagner en clarté mentale, à ne jamais oublier ce que vous lisez ou encore à mieux comprendre les concepts que vous rencontrez.

Mais si vous lisez cet article, et comme la plupart des gens, vous prenez déjà des notes. Beaucoup de notes ! 
Tellement de notes que vous en avez certainement des milliers sans même vous en rendre compte !
Vous prenez des notes quand vous écrivez un post-it, une liste de course, une note sur un livre ou encore un message

Cependant, toutes ces notes que vous prenez ne sont pas mises à parti ! 
Elles sont éparpillées à travers de nombreux endroits et vous n’arrivez jamais à retrouver l’information que vous cherchez.
Cela tue l’efficacité de tout système, c’est ce que l’on appelle le théorème de Gödel : comme le système est éparpillé et n’est pas exhaustif avec toutes les informations dont vous avez besoin, il devient incertain, puis inutile, puis il se fait abandonner

Pour prendre de bonnes notes, il faut avoir un système central et fiable pour mieux capturer, organiser, stocker, déconstruire et créer à partir de vos notes. 
C’est tout l’objet de cet article dans lequel nous allons voir les points suivants :

Pourquoi prendre des notes ?

« Je n’aime pas prendre des notes, car ça ne sert à rien. »

La bêtise commune

Les gens qui pensent cela ont tort. Je vais vous expliquer pourquoi, et j’irai même plus loin, en vous montrant que la prise de notes est l’habitude la plus précieuse que vous pouvez mettre en place dans votre vie.

Prendre des notes, c’est comprendre. C’est Richard Feynman, le fameux physicien, qui disait que l’on comprend quelque chose quand on peut l’expliquer à un enfant de 13 ans. Autrement dit, on comprend un concept quand on peut l’expliquer avec nos propres mots simplement. Ça tombe bien, car c’est exactement ce qu’implique la prise de notes. On reformule un concept avec nos propres mots à l’écrit. Et on pourrait même dire que l’écrit est plus puissant, car il ne laisse pas de place aux incertitudes. Les trous logiques, les contresens, les contradictions qui se glissent dans une discussion n’ont pas leur place sur le papier. On a tous dit au moins une fois « oui, mais c’est ce que j’avais dit », alors même que ce n’était pas le cas. Sur le papier, ce genre de raccourcis n’est pas envisageable. Il nous faut penser l’idée de bout en bout. C’est aussi pour cela qu’il faut lire avec un stylo à la main ; pour s’assurer que vous comprenez ce que vous lisez.

On écrit donc pour comprendre, mais on écrit aussi pour la clarté, pour faire émerger de nouvelles idées. Beaucoup de personnes croient que l’écriture vient après une série de longues réflexions de la part de l’auteur qui a créé un plan minutieux pour son livre en amont de l’écriture. Mais ce n’est pas vrai, écrire c’est comprendre, et c’est faire émerger de nouvelles idées. Les idées les plus brillantes viennent de là. Une fois qu’on est dans cette dynamique d’écriture, il est facile de se laisser porter et de conceptualiser sans s’en rendre compte de nouveaux concepts. Bien souvent dans le processus d’écriture, le premier brouillon est uniquement là pour coucher des idées sur le papier, pour déposer de la matière. Le sculptage de cette matière n’intervient que plus tard, lors de la troisième ou quatrième relecture.

Les gens pensent que vous devez être inspiré pour écrire. Non, vous écrivez pour vous inspirer.

Paul Jarvis

Prendre des notes ça prend du temps

Une autre critique de la prise de notes que j’entends souvent, en dehors des grands classiques : « ça ne sert à rien » ou encore « on ne fait plus travailler notre cerveau » est que “c’est une perte de temps ». Pour vous démontrer que ce n’est pas le cas, laissez-moi faire un parallèle avec le domaine des finances personnelles.
Imaginons que vous avez 1000€. Vous avez alors 2 choix :

  1. Investir dans un passif (une chose qui sort de l’argent de votre poche), par exemple une télévision qui vous rapportera de la satisfaction dans le court terme, mais dont la valeur diminuera avec le temps.
  2. Ou bien vous pouvez aussi investir dans un actif (une chose qui met de l’argent de votre poche), une action par exemple, qui vous rapportera 7 % d’intérêts par an et se cumulera avec le temps.

L’inconvénient avec cette deuxième solution est le fait que l’on n’a pas de gratification immédiate. En revanche, en faisant un calcul simple, on se rend compte que dans 10 ans, on aura doublé l’argent investi ! Le même calcul se présente à vous à chaque fois que vous créez un projet :

  1. Vous pouvez travailler sur le court terme en faisant des recherches pour mener à bien votre projet, et comme vous ne prenez pas de notes, vous oubliez la majeure partie de vos recherches.
  2. Ou bien, vous pouvez prendre le temps de prendre des notes sur les concepts que vous apprenez, en pariant sur le fait que vous allez réutiliser une information plus d’une fois et qu’il serait intéressant de développer votre expertise en apprenant de nouvelles choses sur votre domaine.

Avec la première option, vous devez recommencer votre travail de recherche avant chaque projet que vous réalisez, tandis qu’avec la seconde option, vous capitalisez sur vos recherches précédentes de telle façon qu’il devient de plus en plus facile de créer un nouveau projet au fil du temps. Il peut évidemment s’agir de projets scolaires, entrepreneuriaux ou encore et surtout de contenus. Si vous devez écrire des articles par exemple, dans le premier cas, vous investissez votre temps sur un passif : un article qui ne va pas augmenter de valeur avec le temps, une simple accumulation de 1000 mots que vous allez publier aussitôt. Dans le second cas, quand vous prenez le temps de prendre des notes et de déconstruire les concepts que vous recherchez, vous investissez dans un actif ; un ensemble de notes permanentes qui vont se connecter avec d’autres notes avec le temps et générer des dizaines de contenus, et de nouvelles idées. Einstein décrivait d’ailleurs les intérêts composés comme la plus grande force de l’univers.

Ainsi, on pourrait résumer ce paragraphe en une phrase : « prendre des notes sur les contenus que vous lisez prend du temps, mais ne pas en prendre, c’est perdre son temps. »

De plus, la prise de notes n’a pas à être vue comme une activité à part entière qui vous prend un bloc d’une heure chaque jour. Elle doit faire partie de toutes vos activités. Vous devez lire, parler, écouter, observer un stylo à la main (ou un téléphone, mais l’image est moins séduisante). Vous voulez développer vos idées en permanence et ne rien laisser s’échapper. En pensant ainsi, la prise de notes ne nous prend pas un temps fou dans l’absolu, car on modifie simplement légèrement le comportement de certaines activités pour capitaliser sur les connaissances apprises. Il s’agit simplement de prendre une habitude de prise de notes qui, avec le temps, devient presque addictive.

Prendre des notes c’est peu plaisant !

Vous pensez peut-être que la prise de notes est une tâche contraignante à cause de mauvais souvenirs de prises de notes en cours ou en réunion. Mais elle ne l’a pas à l’être !
Au contraire, au bout d’un certain temps, elle devient même un jeu. Nous allons nous entraîner à être de plus en plus concis dans l’explication de concepts. Vous allez apprendre à identifier le principe au coeur de chaque idée et vous allez pouvoir le résumer de manière concise et précise.
Jouer avec la connaissance est une des activités les plus gratifiantes qui puissent exister. Vous créez de nouveaux concepts, vous créez de nouveaux contenus, vous répandez votre vision du monde et vous faites évoluer votre pensée. De plus, comme nous l’avons dit, ce n’est pas une activité à part entière, mais bien une modification de votre comportement quand vous consommez un contenu.


Nous venons de voir pourquoi nous devons prendre des notes :

  • Pour gagner en clarté
  • Pour avoir de nouvelles idées
  • Pour comprendre des concepts
  • Pour se souvenir des idées que vous lisez
  • Pour capitaliser sur vos connaissances dans de nombreux projets

Nous allons maintenant rentrer dans le vif du sujet et regarder comment prendre des notes.

Comment prendre des notes ?

Il existe plusieurs méthodologies de prise de notes, certaines traditionnelles, et d’autres moins connues et plus puissantes. Commençons par ce premier type pour analyser les problèmes de ces dernières avant de nous intéresser à la meilleure méthode de prise de notes : Zettelkasten.

La méthode de prise de notes scolaire

La méthode de prise de notes la plus répandue est, sans surprise, celle que l’on nous apprend à l’école. Elle consiste simplement à écrire de manière linéaire les pensées et les observations qui nous viennent sur un contenu et à trier cette note dans un tri par thématique. Cette méthode a trois problèmes majeurs, que viennent d’ailleurs corriger la méthode Zettelkasten.

1. On ne relit jamais les notes que l’on prend
En effet, avec la méthode classique, on trie nos notes en se posant la question : “quel est le thème de cette note ?”, est-ce qu’elle devrait être rangée dans la plie vacances, famille ou bien travail ? Avec cette méthode, on ne retombe jamais sur les notes que l’on prend et on se retrouve avec un amas de notes inutiles qui perdent en valeur avec le temps (car elles sont de moins en moins pertinentes). Un tri plus efficace serait de se demander : “dans quel contexte voudrais-je retomber sur cette note ?” De cette manière, on trie nos notes par projets et par actions que nous allons entreprendre. Ce sont des notes qui vont nous servir et sur lesquelles nous allons retomber. Mais nous reviendrons sur la meilleure manière de trier ses notes plus bas dans cet article.

2. On ne favorise pas la compréhension
J’ai parlé plus haut de la méthode Feynman, mais cette dernière ne fait pas effet si nous agissons comme de simples transcripteurs. Si notre simple tâche cognitive consiste à écrire ce que nous entendons, nous ne faisons pas d’effort de compréhension et de reformulation. Pour qu’une prise de notes soit efficace, il faut réécrire ce que l’on comprend en nos propres mots, en séparant les concepts et de la manière la plus concise possible. 

3. On ne favorise pas l’émergence de nouvelles idées
En ayant un amas de notes inutiles et souvent périmées, on ne favorise pas l’émergence de nouvelles idées. En effet, un bon système est un système qui nous suggère des concepts que nous avons notés des années auparavant et qui auraient peut-être un rapport avec notre note actuelle pour faire un nouveau lien et créer une nouvelle idée. Un bon système de créativité est un système qui favorise la sérendipité et, par extension, l’émergence spontanée de nouvelles idées. (Ne vous inquiétez pas si vous ne comprenez pas tout, nous revenons sur ce concept plus bas)

Maintenant que nous avons vu le problème des méthodes classiques, intéressons-nous à la meilleure méthode de prise de notes ; Zettelkasten.

La méthode de prise de notes Zettelkasten

Zettelkasten est une méthode de prise de notes inventée par Nicklas Luhman, un sociologue allemand, au XIXe siècle (d’où le nom étrange qui signifie en fait « boîte de carton »). Nicklas Luhman est un des sociologues les plus reconnus et prolifiques de son siècle. En effet, grâce à son système, il a réussi à écrire plus de 70 livres et 400 articles scientifiques (ce qui est énorme). Pour vous donner une idée, il avait environ 40 000 notes dans son système avant de mourir. Une telle base de notes se construit environ 21 ans au rythme de 5 notes par jour… (cadence tout à fait atteignable en lisant un livre par semaine)

La méthode consiste en fait simplement à déconstruire les contenus que l’on consomme pour n’en garder que les concepts et à les rendre indépendants, en leur donnant leur propre note (une note permanente). Mais vous vous demandez certainement : pourquoi déconstruire les contenus que l’on consomme ?

Et bien, regardez autour de vous ; tout ce que vous lisez n’est qu’un réempaquetage de connaissances, de briques de base. Prenez deux livres sur le développement personnel, et vous y trouverez les mêmes idées, les mêmes sources, et parfois même les mêmes exemples. Et c’est normal ! Le travail d’un créateur, d’un élève, ou encore d’un professeur est de réécrire ce qu’il a compris sur un sujet dans une forme qui lui est propre. Tout ce que l’on demande à un élève dans un examen est de reformuler le contenu d’un cours sous une nouvelle forme, une dissertation par exemple. Et quand on commence à comprendre ce concept de déconstruction, on s’aperçoit qu’on peut le trouver partout !
Dans notre alimentation par exemple :

Zettelkasten pour la nourriture

Le rôle de notre système digestif est de déconstruire en de plus petits éléments la nourriture que nous lui donnons pour nous permettre de l’ingérer et de l’assembler sous une différente forme.

C’est pareil avec la connaissance.
Quand on prend l’habitude de tout voir comme un ensemble de concepts, et non plus comme un tout, on peut enfin commencer à apprendre et à faire de nouvelles connexions entre nos idées.

Zettelkasten pour la connaissance

L’idée de la note permanente est donc de sortir un concept de son contexte d’origine, et de lui donner sa propre note, de le rendre indépendant pour ensuite pouvoir l’assembler avec d’autres idées. Voici les critères principaux d’une note permanente ; elle doit être portable, indépendante et atomique.

Portable ?

Oui, c’est-à-dire que c’est un concept global que vous pourrez réutiliser dans n’importe quel contexte. Il faut toujours se demander : derrière ce concept que je suis en train d’apprendre à propos d’un domaine en particulier, quelle est la règle que je peux en tirer ? Est-ce que je peux enlever ce concept à son contexte d’origine ? Par exemple, en observant la répartition des richesses, on peut formuler le concept de la loi de pareto (80% des richesses sont détenues par 20% des personnes). Et on s’aperçoit que cette règle peut être appliquée à tous les domaines de la vie, d’où l’importance de la détacher de son contexte d’origine.

Indépendante ?

Chacune de vos notes permanentes doit être autosuffisante. Elle ne doit pas dépendre d’autres notes pour être comprise et incluse dans une réflexion.

Atomique ?

Elle doit être densément connectée. Quand j’écris une nouvelle note, je me pose systématiquement une série de questions qui me permettent de développer ma pensée et de connecter cette nouvelle connaissance avec mon expertise existante.
Par exemple, je me demande :

  • Comment est-ce que cette note explique une note qui est déjà dans mon système ?
  • Quelle idée contredit cette idée ?
  • Pourquoi suis-je attiré par cette idée ? (Est-ce que c’est juste le biais de confirmation qui m’a poussé vers elle ?)
  • Est-ce que cette idée pourrait changer si on changeait la perspective de l’auteur ? (Son origine, son sexe, son milieu social…)
  • Quelles sont les applications que je vais avoir de ce concept ?

Ainsi, toutes mes notes sont densément connectées entre elles, et chaque note permanente, bien qu’indépendante et autosuffisante, est impliquée dans une pensée bien plus systémique et complexe. En effet, il ne s’agit pas ici de simplifier la réalité à outrance, il s’agit de déconstruire des théories pour revenir à la base de leurs concepts et faire progresser la pensée.

Ce concept est à la base de la méthode Zettelkasten, mais cette dernière va un petit peu plus loin dans les différents types de notes et les processus du système. C’est ce que nous allons voir maintenant.

Il existe 4 types de notes dans le système. 2 sont des points d’entrée qui fournissent la matière au système : les notes instantanées, qui sont là pour capturer les pensées et les idées, et les notes littéraires, qui sont des notes brutes sur les contenus que vous consommez. Ces notes ne sont que des points de passage. En effet, les notes littéraires doivent se faire traiter et diviser en notes permanentes, et les notes instantanées peuvent se concrétiser sous la forme d’un projet, ou bien générer une nouvelle idée, un nouveau lien entre vos connaissances. Les seules notes qui résistent à l’épreuve du temps et prennent de la valeur avec les années sont les notes permanentes. Les notes de contenu sont des notes finies dans le temps qui vous permettent de mettre à bien un projet, ou un contenu. Si je devais schématiser le processus, voici ce à quoi le système ressemblerait :

Comment prendre de bonnes notes : la représentation du système

Les notes instantanées

Les notes instantanées agissent comme une boîte de réception pour les idées qui ne sont pas encore assez abouties pour avoir leur propre note. Je pourrais par exemple vous conseiller de tenir une note quotidienne, dans laquelle vous mettez vos réflexions et les bribes d’idées qui pourraient ensuite se transformer en projets ou contenus. Vous pouvez y mettre vos notes de réunion, d’appel spontané, vos idées passagères, les citations qui vous interpellent. En bref, toutes les petites allumettes qui pourraient venir déclencher un feu dans vos idées…
Il faut garder en tête que ces notes ne contiennent en aucun cas une réflexion aboutie, sinon, il faut donner à cette réflexion sa propre note. Ces notes ne sont que des boîtes de réception, et doivent être vidées régulièrement. Ainsi, vous pouvez assigner un temps tous les vendredis soirs pour définir les objectifs de la semaine suivante et vider toutes vos boîtes de réception.

Les notes littéraires

Ne vous prenez pas la tête. Une note littéraire se fait littéralement en lisant avec un stylo à la main. Notez tout ce qu’il vous semble important de retenir de manière synthétique et couchez les idées et les liens qui vous viennent durant la lecture sur cette même note. Attention toutefois, le mot littéraire a parfois une connotation académique, cependant c’est loin d’être le cas dans une note littéraire. Il ne s’agit pas ici de prendre des notes ligne par ligne à la manière d’une dissertation, une note littéraire peut prendre toutes les formes : une carte mentale, un ensemble de surlignages, etc.
Vous pouvez aussi vous efforcer de prendre vos notes littéraires en pensant déjà à la déconstruction. Vous essayez en fait de séparer les différents concepts dans votre note en créant des parties délimitées par des titres. De cette manière, la déconstruction de cette note en notes permanentes sera plus facile.

Les notes permanentes

Les notes permanentes sont les notes qui seront, comme leur nom l’indique, toujours valables dans 20 ans. Ce sont des notes intemporelles. Elles contiennent des concepts, du savoir. Vous ne devez pas y inclure des éléments qui sont finis dans le temps, comme des plannings ou des listes de tâches. Leur puissance augmente avec leur nombre et c’est elles que vous assemblez dans vos contenus. Elles répondent à la règle 1 note = 1 concept.

Les notes de projet

Ces notes n’ont rien à faire dans votre usine à connaissances, mais elles sont indispensables à tout projet. Quand je parle de note de projet, je parle des notes qui sont utiles à la réalisation d’un projet spécifique et qui seront donc un jour obsolètes. Il pourra s’agir de la rédaction complète d’un article, de listes de tâches, de plannings hebdomadaires, de notes de réunion, etc. Mais un type de note déroge à cette règle ; les plans de contenus. Un même plan peut nous permettre de créer plusieurs contenus, et peut être réutilisé en partie dans d’autres contenus.

Une fois que le système commence à être rempli avec des connaissances, son rôle commence à devenir évident. C’est de mettre en relation de nouvelles idées avec des briques de connaissances pour les réaliser. Pour illustrer ce principe, je vais utiliser l’image d’un virus. En effet, un virus est un morceau d’ARN messager qui va venir s’installer dans une de vos cellules. Cependant, il n’est, en tant que tel, pas dangereux. Il devient dangereux quand il se reproduit. Et pour se reproduire, il ne crée pas de la matière à partir de rien, il utilise votre matériel génétique. Sans cette matière, le virus mourrait. Alors c’est une chose d’avoir de nombreuses idées, mais si vous n’avez pas les ressources à portée de main pour les réaliser, votre idée, votre virus meurt.

Et comment trier, organiser et classer toutes ces notes ?

Tout bon système doit rester simple pour permettre à la complexité d’émerger au niveau du contenu. Notre méthode de prise de notes va donc être, pour la plupart, dénuée de structure, et régie par de grands principes. Et pour la catégorisation, le principe principal est l’atomicité des pensées.

Nous allons promouvoir l’atomicité des pensées, plutôt que la catégorisation et la compartimentation des connaissances. C’est d’ailleurs sur ce premier terme que nous allons nous attarder, et pour l’expliquer, je vais m’inspirer de l’exemple de notre cerveau. Les idées viennent naturellement par association. Quand on est dans la rue, face à un bandit, des chemins mentaux s’offrent à nous :

  1. Lever jambe gauche, jambe droite et déguerpir
  2. Plier les jambes, se coucher et se mettre en PLS
  3. Lever bras droit, plier poing, et frapper (puis mourir dans mon cas…)

Nous allons ensuite très rapidement analyser le meilleur chemin à emprunter pour maximiser nos chances de survie. Dans mon cas, ce serait certainement le premier. En effet, je tiens trop à mon dos pour choisir la deuxième option, et l’état préoccupant du faible développement de mon biceps m’indique que je ferais mieux de rester calme. Ainsi, je vais privilégier la première option.

Mais l’objet de cette démonstration était de vous montrer la manière dont votre cerveau fonctionne, par associations, et par sélection de l’association la plus pertinente en fonction du contexte. Notre système doit nous permettre de naturellement reproduire ce processus dans un logiciel. Il ne doit plus y avoir de frontières entre la manière dont on pense et la manière dont notre logiciel fonctionne. Si on doit apprendre à s’adapter à un outil, ce n’est plus un outil, c’est une contrainte. Partant de ces explications, donnons une définition à l’atomicité des pensées, le premier principe qui régit le système.

Chaque idée est par nature atomique. Autrement dit, elle est connectée avec d’autres idées et elle s’imbrique dans de nombreuses suites logiques. On diverge et converge naturellement et il faut une structure flexible pour accompagner cette atomicité.

Les liens mentaux ne sont pas catégorisés. Autrement dit, si vous pensez à un virus, votre cerveau ne fera pas exclusivement des liens avec d’autres concepts en biologie, mais bien avec des concepts divers et variés, parlant de cuisine, de fleurs ou encore de jeux vidéos. Alors pourquoi avons-nous cette envie quasi obsessionnelle de catégoriser nos idées par thèmes ? Si nous catégorisons nos idées dans notre logiciel de prise de notes, alors nous ajoutons une contrainte à notre pensée. Vous ajoutez une barrière entre la connexion de 2 concepts, qui pourraient paraître opposés, mais qui formeront une nouvelle idée. Ainsi, il faut que toutes vos connaissances soient rangées au même niveau, sans catégorisation, ou barrière entre elles. Il faut que la connexion soit fluide et sans friction. Voici un schéma qui sera certainement plus parlant qu’un beau discours :

Catégorisation vs atomicité des pensées

Comme vous pouvez le voir, les idées, quand elles sont cloisonnées, n’ont pas la possibilité de se connecter entre elles, or c’est grâce à ces connexions que se forment les nouvelles idées.

La formation des idées

En science et dans le monde académique, le principe qui régit aujourd’hui est celui de disjonction. C’est le fait de découper le réel en des domaines distincts et de rechercher chacune de ces branches de manière indépendante. Le principe de disjonction a isolé radicalement les uns des autres les trois grands champs de la connaissance scientifique : la physique, la biologie, la science de l’homme. À ce processus d’hyperspécialisation et de séparation des domaines de recherche, on peut mettre en parallèle la manière dont les idées se forment. En effet, les idées se forment par association de 2 éléments connus que l’on assemble d’une manière innovante. Par exemple, la personne qui a inventé le roller connaissait le principe de roue, et celui de chaussure et a eu l’idée d’assembler les 2. Nous allons faire un petit exercice. Essayez dans un premier temps de trouver une nouvelle idée en regardant ces éléments :

Essayons maintenant de déconstruire ces éléments pour trouver les principes de base qui les constituent, et essayez de faire le même exercice avec ces nouveaux éléments.

Comme vous pouvez le voir, les idées émergent beaucoup plus facilement, on peut repérer par exemple une motoneige. Plus les concepts à notre disposition sont variés, plus on pourra faire des associations originales et avoir des idées intéressantes. Ainsi, cloisonner ses connaissances dans des dossiers et s’hyperspécialiser dans un domaine en particulier est la meilleure façon de ne jamais avoir de nouvelles idées. Si vous voulez en avoir, vous devez développer des connaissances en T. Les experts d’un sujet en particulier ont une compétence en I. Une compétence très profonde dans un domaine, mais très spécifique. Cette personne ne voit pas le monde dans son ensemble. En revanche, une personne curieuse, mais qui s’investit dans son travail et veut toujours être au sommet de son domaine développera naturellement des connaissances en T. Des compétences à la fois profondes et variées. C’est la condition idéale pour voir de nouvelles idées émerger. Suivre votre envie, votre flow pour choisir le prochain livre que vous allez dévorer est la meilleure manière pour développer cet état d’esprit.

En montrant que les informations doivent être divisées en principes puis misent en parallèle pour créer de nouvelles idées, nous pouvons affirmer qu’un système qui catégorise les idées par thème est bon à jeter à la poubelle. Un système de prise de notes prenant en compte l’atomicité des pensées a donc ces caractéristiques :

  • Toutes les notes sont au même niveau, et dans le même dossier.
  • Chaque concept a sa note dédiée.
  • La connexion entre les idées est sans friction et encouragée pour faire émerger de nouvelles idées.

Mais alors, comment se débarrasser de cette envie naturelle de tout catégoriser ?

Cette pulsion disparaît progressivement avec le temps, mais je peux vous donner quelques pistes pour vous débloquer.

Premièrement, le cerveau humain fonctionne de cette manière. De plus en plus, les scientifiques remettent en cause le cloisonnage en lobes et hémisphères du cerveau. En effet, les recherches récentes montrent que chaque action que l’on effectue mobilise de nombreux neurones situés dans diverses parties du corps, comme des neurones moteurs dans le genou, ou des neurones situés dans l’aire opposée au lobe normalement assigné à l’action. Ainsi, quand bien même le cerveau aura des parties avec des neurones plus densément liés entre eux qui accompliront des fonctions données, il existera toujours des liens avec des neurones dans différentes parties du corps. Cela veut dire que les séparations que nous dessinons entre les lobes sont purement fictives. Ce sont de vagues groupements sans organisation précise et sans séparation distincte. Deuxièmement, quand un neurone se crée, la première action qu’il effectue est de se connecter avec d’autres neurones. Et pour aller chercher une information, nous allons mobiliser un premier point d’entrée, et examiner les chemins accessibles à partir de ce dernier pour trouver l’information que nous cherchions à l’origine. La non-catégorisation et la recherche par connexions et par associations est notre manière naturelle de penser. Ainsi, essayer de contraindre notre réflexion à un système fonctionnant par catégorisation serait contre-productif. Nous voulons que notre usine à connaissances soit comme une seconde nature.
Mais alors, comment retrouver une note ? En fonction de l’application que vous choisirez d’utiliser, vous aurez plusieurs solutions. La première solution, qui est aussi la plus commune est la recherche par le titre ou le contenu de la note. Fonction que nous utilisons d’ailleurs plus souvent que les dossiers dans les logiciels avec des catégories. Mais vous pouvez aussi retrouver une note en naviguant de lien en lien. Par exemple, vous vous souvenez que vous avez lu cette information dans un livre de tel auteur, alors vous vous rendez sur sa page, vous remontez à la page du livre en question, puis vous trouvez la note que vous cherchiez. Vous pouvez aussi retrouver une note par son thème. En effet, nous allons essayer de toujours lier les notes à leur thème principal. C’est ce que j’appelle les cartes de contenus, les carrefours d’idées.
Et je pense que l’argument le plus parlant que je pourrais vous donner pour vous convaincre de ne plus catégoriser les notes dans des dossiers serait de vous dire que j’ai plus de 1000 notes dans mon système et je retrouve toujours ce que je cherche en moins de 30 secondes.

Note : La méthode que je décris n’est pas la méthode Zettelkasten au sens strict du terme. Je me suis permis de l’adapter à nos besoins et outils modernes.(j’ai nommé cette adaptation la méthode Atomic Thinking™)

Mais alors, comment prendre des notes concrètement ?

Je vous ai transmis de manière très succincte et résumée la théorie de la prise de notes. Passons maintenant à la pratique. Et pour se faire, je vous propose de continuer en vidéo, car pour montrer des outils et des applications, quoi de mieux que de filmer mon écran ?

Je vous propose donc d’abord de découvrir l’écosystème d’applications que je vous propose d’utiliser.

Je vous renvoie ensuite vers le meilleur logiciel actuel pour mettre en place Zettelkasten (Obsidian) :

Dans cet article, nous avons vu pourquoi et comment prendre des notes. Cependant, la prise de notes peut être bien plus efficace et utile si on l’inclut dans un système de gestion des connaissances. 

La gestion des connaissances personnelles est l’ensemble des processus qu’une personne met en œuvre pour sélectionner, comprendre, organiser, réutiliser et partager la connaissance au quotidien, ainsi que la manière dont ces processus aident son travail.

J’ai développé toute une méthode sur le sujet que j’ai nommé la méthode Atomic Thinking. Vous pouvez la découvrir gratuitement en entrant votre email ci-dessous (c’est gratuit, et vous pouvez vous désinscrire à tout moment).

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Et voilà, c’est tout pour cet article. Pour approfondir sur les sujets abordés dans cet article, je vous recommande les premières vidéos de ma chaîne YouTube que vous pouvez retrouver ici.