Ce concept se rapproche beaucoup du push or pull marketing de Seth Godin. Un "closed world marketing", c'est un marketing dans lequel on veut absolument plonger sous l'eau la tête de notre prospect pour lui faire croire des choses pour qu'il achète notre produit. L'image, c'est celle des entonnoirs de vente. Le but, c'est que la personne aille tout en bas de l'entonnoir sans relever la tête pour se faire piéger à acheter notre produit.
On veut donc l'emmener dans un univers fermé. On veut lui faire penser avec nos concepts, lui raconter nos histoires, lui faire croire qu'il y a une urgence absolue, que notre solution est la seule pour la sortir de son problème. Bref, on essaie de l'enfermer, de lui mettre la tête sous l'eau.
Ce "closed world marketing" est terrible à vivre parce que finalement, ce qui nous fait acheter à la fin, ce n'est pas un sentiment d'être tiré vers le haut, d'être excité, de vouloir absolument faire quelque chose, mais c'est souvent un sentiment de peur de manquer, un sentiment qui répond à une peur profonde qu'on a en nous. C'est ça que le marketing vient viser.
Le "closed world marketing" induit aussi que les créateurs de contenu pensent très court terme. C'est-à-dire qu'on va se demander comment optimiser nos taux de conversion sur un délai très court. Comment faire pour qu'une fois que la personne a cliqué sur notre pub, on soit le plus rentable possible en lui faisant acheter quatre produits dont elle n'a pas besoin, en lui poussant énormément de mails dans la tête, en lui faisant croire que la promotion va s'arrêter et que ça va être la fin du monde si elle n'achète pas maintenant.
On va créer des systèmes marketing qui sont là pour maximiser le court terme et la rentabilité immédiate. Cependant, ces systèmes sont ultra délétères à tout niveau. D'un point de vue systémique, et Edgar Morin ne me contredira pas, quand on essaie d'augmenter une variable isolée sur laquelle on porte notre attention pour essayer d'optimiser un système qu'on voit comme linéaire, on détériore souvent l'ensemble global du système. Car ce qui fait l'efficience d'un système complexe, ce n'est pas une variable, mais bien la capacité d'interaction de toutes les parts du système entre elles.
Dans tous les cas, c'est une approche débile. Mais surtout, c'est une manière de penser qui est très court terme, qui fait qu'on ne se sent pas bien en tant que créateur, parce qu'on doit se conformer à des normes marketing qui sont extrêmement abusives. Le client ne se sent pas bien et souvent, on a une pensée qui est tellement court terme qu'on ne pense plus à quelle valeur on pourrait apporter, mais à comment on va pouvoir persuader la personne d'acheter.
Ne me méprenez pas, je ne dis pas que je suis le chevalier blanc dans cette affaire. J'ai fait plus de 2 millions d'euros de chiffre d'affaires en utilisant 100% de ces techniques et en harcelant les gens par email. Si vous en avez été témoins, je suis désolé. Mais c'est ça que je dénonce aujourd'hui, parce que je vois que c'est la norme dans le marché de la création de contenu et que ça ne devrait vraiment plus l'être.
Mais alors que faire à la place ?