Comme nous l'avons vu dans le premier chapitre de ce manifeste, le pouvoir est aujourd'hui aux plateformes et aux individus. Cependant, on a dit que le fait de donner du pouvoir aux plateformes était très souvent néfaste, parce que ça met le créateur dans une position de créer du contenu pour se conformer aux attentes de la plateforme pour faire des vues. Un auteur, au lieu d'exprimer simplement et librement sa créativité, veut avoir le format qui va lui permettre de percer sur la plateforme pour faire des vues, pour avoir des followers, etc.
Un créateur qui reste bloqué sur les plateformes s'essouffle inévitablement, parce qu'il est dans la lutte incessante pour rattraper l'algorithme et il est toujours en train de courir après la dernière tendance. À la place, il faut que nous devenions souverains. Nous sommes les créateurs, nous vivons de nos idées, de notre art, de nos compétences et on doit pouvoir aller dans notre processus à 100%.
Pour cela, il faut qu'on possède notre moyen de communication avec notre audience et notre plateforme, nos outils. Pour posséder notre moyen de communication avec les gens, il faut absolument qu'on passe par le mail, parce que le mail n'est pas prêt de disparaître et qu'il est fiable et direct.
Pour avoir sa propre plateforme, on a plusieurs choix. Mais dans tous les cas, il faut, à mon avis, aller vers une solution open source, qu'on héberge soi-même sur son propre serveur.
Je peux vous le dire pour être passé par là. J'ai fait six migrations de plateforme en quatre ans avec Atomic. Chaque fois, c'était une tannée. Ces plateformes font tout pour nous garder pris au piège dans leur écosystème. Tout est dans un format propriétaire, il n'y a aucune fonction d'export facile. Les engagements sont souvent sur au moins 12 mois si ce n'est 24. Et elles ont un tarif très alléchant au début. Et puis chaque mois quasiment elles vont vous demander d'augmenter le prix que vous payez. Si bien qu'à la fin, on se retrouvait à payer plus de 10 000 euros par mois en abonnement à des services avec Atomic. C'est un truc complètement délirant.
Et le problème, c'est que quand on utilise ces plateformes, on n'est plus en possession de rien. La plateforme nous a complètement emprisonnés dans son modèle propriétaire et dans son abonnement. On devient nous-mêmes des produits de la plateforme qui devrait être le seul endroit sur lequel on avait le contrôle.
Donc, quand on essaie de créer notre site sur des plateformes comme Wix, Podia, Kajabi, ou autres, on est complètement dépendant de leur politique de confidentialité, de leur format de construction de site web qui est propriétaire. Si on arrête de payer un jour parce qu'on a un problème de cash-flow, ils vont supprimer notre site. Ils peuvent du jour au lendemain décider qu'on n'est pas quelqu'un d'éthique à leurs yeux et mettre fin à notre compte (c'est déjà arrivé). Bref, on n'est pas du tout maître de notre maison chez nous. On est comme locataire d'un appartement sans contrat de bail parce que le proprio peut faire ce qu'il veut.
Bref, pour être vraiment souverain, le mieux, c'est d'avoir une stack qui est complètement open source. Ça veut dire que le code est visible par tout le monde, peut être amélioré et modifié par tous. Ces applications utilisent souvent des formats qui sont ultra ouverts, par exemple de l'HTML, du Markdown, donc on peut récupérer facilement le contenu. C'est souvent des solutions qui vont s'avérer être moins chères. Et c'est une manière de s'assurer qu'on est enfin souverain, on est chez nous. Désormais, on possède à la fois nos idées, notre manière de faire du marketing, mais on possède aussi notre plateforme, là où on va poster nos contenus.
Pour en savoir plus sur les stack, l'open source et autre, vous pouvez lire ma masterclass sur le sujet ici.